Nous allons tous définitivement mourir

(article rédigé à un moment où mon gentil modem ne voulait rien entendre, je poste tant que ça marche, mais je ne vous promets rien quant à la continuité de mon blog à l'avenir... )

Il y a peu de temps, je suis allée voir Jesus Camp, un documentaire sur les Évangélistes aux USA.

Et je me suis aperçue que j’étais globalement d’accord avec Becky Fisher, sorte de gourou (pasteur évangélique qui a ouvert un camp de vacances pour intégristes en herbe) de quatre-vingt dix kilos qui harangue une salle de cinq cent personnes (en majorité des enfants) venues constituer une armée pour mener la guerre sainte : « regardez comme ils sont gros et méchants, les non-Chrétiens ! C’est la guerre ! Les Etats-Unis sont la nation de Dieu, nous devons faire régner Son pouvoir, en aidant le bon président Bush qui a été choisi par Jésus lui-même ! » (je schématise à peine), mais seulement quand elle dit que notre monde est mal barré, et quand elle affirme que les excités de son espèce ont un réel poids dans l’électorat américain.

Et je dois avouer que ça fait froid dans le dos. Figurez-vous une gamine de dix ans, venue faire du bowling avec sa famille et ses copains. Rachael, après avoir invoqué Dieu et ordonné à la boule de faire tomber plein de quilles « car c’est la volonté de Jésus », tire, ne fait pas tomber une seule quille (haha), et retourne feuilleter un petit livre sur la vie de Jésus. Puis elle se lève, s’adresse à une blondasse et lui annonce que Dieu lui a parlé, et qu’il lui a demandé d’aller voir ladite blondasse pour lui donner le petit livre. Elle retourne ensuite gaiement voir son papa, et lui raconte ce qu’il lui est arrivé : « J’ai senti que je devais y aller, j’ai un peu attendu pour être bien sûre que c’était la volonté de Dieu, et j’y suis allée. » « C’est bien ma chérie. » *sourit de toute sa moustache*

La même gamine explique un peu après que plus tard, elle veut être manucure. Ce sera une bonne occasion de parler de Jésus avec les clientes, détendues grâce aux musiques chrétiennes. Elle a conscience que ça fait rire beaucoup de monde, mais elle s’en moque : c’est Dieu qui la jugera à sa mort, et non les autres.

Plus rigolo, avant la cérémonie de bienvenue (bon show à l’américaine avec Danse du Feu sur heavy metal chrétien) la même Becky Fisher commence par bénir les sièges où vont s’asseoir les spectateurs. Presque cohérent, me direz-vous. Certes. Mais après, elle bénit l’installation électrique, et elle en éloigne le Démon qui prend plaisir à l’abîmer avec des orages par exemple. Puis elle répète la même opération avec les Power Point que le Diable fait parfois planter, et rebelote avec les rétroprojecteurs et les micros. (promis-juré)

Sérieusement maintenant, la force de ce documentaire réside -je pense- dans le fait que les réalisatrices ne tournent pas en ridicule les Évangélistes. Elles les filment tels qu'ils sont, et elles nous montrent jusqu'où peut aller l'embrigadement des enfants. Elles ne minimisent pas le poids que la communauté peut peser dans la société américaine. Une bonne claque, donc, et la certitude que finalement, on n'est pas si mal barrés que ça, en France. Quoique...